1999
Mes premières envies de capter le réel en tant qu’artiste se fixèrent sur le corps humain tel que sacralisé, poétisé et déformé dans les années 1990. En fait, le corps est la seule chose qui nous appartienne en propre et comme dit Maurice Merleau-Ponty, le corps n’est pas un enregistreur de réalité mais un producteur de réalité. Se présenta la période où, en tant que femme, je me plaisais à représenter des personnages masculins. Ce n’est que lentement que je pris conscience de mon regard anthropocentrique qui plaçait l’être humain comme seul détenteur d’intelligence.
Lors d’une exposition universitaire, sept pièces furent peintes pendant que j’engageais la conversation avec le public. M’infligeant une démarche in situ dans le temps et l’espace, la réalisation fut énergique entre les coups de pinceau impulsifs et l’observation du modèle installé à même la galerie. Pour cette occasion, seules ses caractéristiques physiques principales furent prises en considération. Les toiles d’un triptyque furent encastrés dans les angles creux d’un mur et les bords du canevas plâtrés et lissés afin de brouiller la limite entre le mur et le tableau. Une forme géométrique fait référence à une porte par lequel le spectateur est invité à poser un regard voyeur.