Se peindre et s’étreindre

Cadre de bois, acrylique sur canevas flottant, espace d’environ 1 x 2.5 x 1 m

2018

Présenter une toile peinte autrement que sur le mur ne sert pas tant à éliminer ou à condamner la toile montée sur châssis mais plutôt à imaginer des moyens de la dynamiser. Se peindre et s’étreindre est une mise en espace d’un tableau grâce à un châssis en forme de lit à la limite de la sculpture et de la peinture. Pour visionner l’installation, le spectateur doit s’en éloigner. Proche, c’est une vue en plongée de deux corps féminins enlacés. Sur le plan philosophique, les deux corps qui s’étreignent se veulent un constat de nos deux états : le subjectif, source de création d’un monde que l’on invente depuis sa naissance et l’objectif, cette masse vivante dans le temps et l’espace qui, un jour va mourir.

 

Mes pièces réaffirment la nécessité d’appréhender le monde à l’aide des codifications de l’univers tels qu’elles sont connues et reconnues dans nos sociétés. D’un point de vue critique, nous assistons à un nivellement programmé des comportements humains par les instances internationales. Se peindre et s’étreindre ne veut pas témoigner de la souffrance, de la beauté ou de quelque autre sentiment mais cherche plutôt à questionner l’état du corps dans le contexte de la perte des repères et des identités amenées par les frontières de plus en plus flous entre les genres, les nationalités et les classes sociales. C’est un effort de matérialisation d’un corps qui au lieu de se virtualiser ou de se muter se décuple et cherche à se régénérer pour avoir le sens d’exister et ceci, par le truchement de la représentation double du même corps, en l’occurrence le mien