À propos de
Sofie Fékété-Fehér
Née en France, Sofie Fékété-Fehér est une artiste multidisciplinaire d’origine hongroise qui navigue entre Montréal, Paris et Budapest. Après un début de carrière en horticulture et aménagement intérieur, elle œuvre dans les métiers de la mode et du costume en tant que conceptrice, restauratrice et historienne de costumes, travaillant notamment pour le Centre national de costumes et Métiers et traditions où elle coordonne des animations publiques sur le savoir-faire des métiers québécois d’antan.
En 1996 sa pratique artistique prend son essor avec des études en art au baccalauréat (licence) à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle y gagne le premier prix de la Fondation Mc Abbie et s’initie à la pratique in situ. Puis, son intérêt pour l’individu et la société l’amène à suivre des cours en sociologie et anthropologie à l’Université Concordia. En 2016, ce sont les questions de la mondialisation et de l’environnement qui l’interpellent : elle obtient un diplôme en géographie (UQAM). Présentement, sa démarche artistique a fait un bond en avant grâce à l’obtention d’un Master en sciences de l’art de la Sorbonne avec une recherche théorique et pratique sur les rapports être humain-animal. À l’automne 2020 elle débutera des cours de biologie à l’Université Laval de Québec (ville).
Depuis 1996 Fékété-Fehér monte régulièrement des expositions indépendantes à l’Édifice d’art contemporain Le Belgo à Montréal. En 2000 elle participe au Symposium de la nouvelle peinture de Baie St-Paul (Québec). En 2002 elle coordonne et prend prend part à une exposition indépendante de 11 femmes dans un espace délabré de Saint-Henri. Elle est une des membres-fondatrices du collectif RACH qui propose des expositions thématiques au Canada et en Hongrie. En 2018 elle a exécuté une peinture surdimensionnée en direct sur la scène de Europa au Théâtre La Colline de Paris. L’année 2019 a vu la réalisation de deux expositions ambulantes en bicyclette cargo, expériences d’art relationnel dont le but premier était d’échanger avec les passants qui sillonnaient les rues de Paris et assistaient à la FIAC 2019.
Sofie Fékété-Fehér a mis sur pied plusieurs de ses expositions puisqu’elles naissent de sentiments d’urgence et d’engagement, elle aime surtout lorsqu’elles sont associées à une part de risque et à une dépense d’énergie. Elle travaille volontiers en duo et en collaboration car, en plus d’ajouter des considérations sur la réception de l’oeuvre et d’enrichir les pratiques mutuelles, cela permet l’émergence d’idées originales. Sofie s’évertue constamment à créer des occasions pour aborder le champ plus vaste de la culture visuelle par le biais de questions socio-environnementales. « Les éléments de la Nature qui bénéficient des nouveaux moyens de diffusion médiatiques s’avèrent souvent divertissants mais ne nous font pas nécessairement prendre conscience des liens étroits qui nous unissent au vivant dans sa totalité, ni ne nous responsabilisent par rapport à nos comportements de consommateurs. Quelles peuvent être les moyens pour traiter cet état de fait en arts visuels? ».
Convaincue qu’il n’y a de vérité que dans le ressentir individuel, je cherche des voies artistiques nouvelles pour nous réconcilier avec notre environnement. Mon approche vise à reconsidérer l’art comme une force de la Nature, une énergie essentielle à laquelle nous appartenons tous et qui ne se révèle à nous, malgré tout, que dans les apparences. J’explore les potentiels de l’installation à s’approprier l’espace et à intégrer la peinture et la sculpture. Ma démarche se double d’un univers de questionnements sur la rupture entre société et Nature, conséquence de l’inexorable ascension du « moi » de l’être humain au fil du temps : je vois mon époque comme un ensemble de questions, de désillusions et de relativismes où les rapports à soi, aux autres et à la Nature ont été bouleversés par l’industrialisation et la venue des outils technologiques. D’une part, notre désaffiliation avec la Nature nous a conduit à une carence d’expériences directes du voir, du sentir, du goûter et de l’entendre, et d’autre part, la techno, qui initialement devait nous servir, nous enchaine, nous amoindrit et ré-instaure la médiocrité comme valeur commune. Avec l’omniprésence du numérique, les modes représentatifs et expérientiels de l’être humain sont en recul. Je cherche à m’imprégner du visible afin de le re-matérialiser dans des images issues de mes pérégrinations. Sur le plan théorique, je m’abreuve des paroles de Philippe Descola, Serge Moscovici, David Le Breton et de celles des philosophes Gilles Deleuze et Merleau-Ponty.
Aucune pandémie, aucune crise ne semblent freiner le capitalisme rampant et le parti pris matérialiste de nos sociétés. Devant le pillage organisé des ressources de la planète et un monde de moins en moins contrôlé par des humains en chair et en os mais mû de façon effrénée par la course au temps et au profit, mes pièces tentent de porter un regard critique sur l’anthropisation des espaces naturels et la lente érosion de notre qualité d’humain. À la recherche des forces intrinsèques qui construisent nos identités, je m’évertuais auparavant à aborder la problématique par l’observation directe de l’être humain. Aujourd’hui, je reconnais, en accord avec la pensée antispéciste, que l’être humain est indissociable de la globalité de l’existant telle qu’issue de l’évolution des écosystèmes. Tout est connecté. Mes travaux récents font cohabiter l’animal avec l’être humain.
La perte de la biodiversité ne se fait pas toute seule : ce sont nos modes de vie qui causent la destruction des habitats et conséquemment de la faune. En d’autres mots, il faut transformer l’anthropocentrisme en biocentrisme, un courant de pensée prônant que tout être vivant mérite le respect moral. Partant de la prémisse que l’être humain « est » Nature et que notre besoin de s’affilier avec d’autres formes de vie est une caractéristique innée (Edward O. Wilson), créer devient un acte de foi où l’artiste espère apporter sa contribution tout en partageant le plaisir esthétique. Il est alors moins un observateur passif qu’un agent actif qui souhaite enrichir et participer à la société dans laquelle il évolue.
Rendons-nous compte que nous sommes dans un monde fini et qu’aussi nantis que nous soyons, la détérioration des écosystèmes est la vraie perte de la richesse. Il est permis d’espérer que les choses changent. Mon intention n’est pas tant de défendre le véganisme ou de dénoncer les zoos, mais bien d’accorder l’importance qui leur revient aux différentes formes de vie qui peuplent la Terre, tout en prenant pour acquis que lorsque nous parlons de l’écosystème, le politique, le social et l’économique ne sont jamais bien éloignés.
Formations
2019
Master en arts plastiques. Parcours : Lieux, Espaces, Expositions, Réseaux
Université Paris 1- Panthéon Sorbonne
Sujet de recherche sous la direction de Miguel Egaña : Rapport être humain/animal à l’heure de la perte de la biodiversité. Installations engagées
2016
Baccalauréat en géographie
Université du Québec à Montréal
2002
Baccalauréat interdisciplinaire sociologie, histoire, anthropologie
« Interdisciplinary Studies in Sexuality »
Université Concordia, Montréal
2000
Baccalauréat en arts visuels
1er prix de la Fondation McAbbie
Université du Québec à Montréal
1999
Cours de dessin et peinture à l’huile
Arts Student League, New-York
1990
Diplôme d’études collégiales en dessin de mode (DEC)
Collège Lasalle, Montréal
2019
- Ça passe ou ça casse, exposition autonome ambulante : installations peinture avec 3 bicyclettes cargo, rues de Paris
- Un vélo dans la Cité, exposition ambulante en duo avec Michela Dumas : planches de dessin d’art animalier, bicyclette cargo, fleurs, rues piétonnières de la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP)
- Babiche 1, Installations sculpture, Forum de la Cité, Maison internationale, CIUP, Paris
2018
- Europa, performance-peinture en direct sur la scène de Europa, Victor de Oliveira (dir.), Théâtre La Colline, Paris
2016
- Je suis peinture, exposition autonome Centre culturel Mata Hari, Montréal
- Montréal-Budapest, peinture, exposition collective, Galerie d’Arts Contemporains, Montréal
2015
- Anthropocène, exposition autonome d’installations, Nuit Blanche, Galerie 514, Édifice Belgo, Montréal
2014
- Je ne peux vivre sans toit, exposition autonome de portraits en collaboration avec le Journal l’itinéraire, Galerie Espace, Montréal
2013
- La dernière femme/The Last Woman, exposition autonome de dessins, Galerie 514, Édifice Belgo, Montréal
2009-2012
- Re-Insitu, exposition itinérante organisée par le Regroupement des artistes canadiens hongrois (RACH)
- Galerie Montcalm, (Gatineau, Québec, 2012)
- Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce, Montréal (2010)
- Centre des arts de Saint-Jean, Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, (2010)
- Muvészet Malom Szentendre, Budapest, Hongrie (2009)
- Helikon Kastélymúzeum, Keszthely, Hongrie (2009)
2010
- La face cachée de la géographie, installation peinture, 15e édition de Géo-art, Université de Montréal
2005
- Canada-Hongrie-Reflexions-Reflections-Canada-Hungary, peinture, Galerie Stewart Hall, Pointe-Claire, Québec
- Tantramar Art Symposium, vidéo documentaire, Nouveau Brunswick
2003
- 5 1/2 non chauffé, performance avec modèle, duo avec Nathalie Fontaine, appartement du Plateau Mont-Royal, Montréal
2002
- Du pain et des jeux, installation et performance pour Inhabitation, une exposition collective de 11 artistes femmes, Complexe Saint-Ambroise, Montréal
2000
- Faucheuse-conditionneuse, installations peinture, 18eSymposium international de la nouvelle peinture au Canada, Baie Saint-Paul, Bernard Paquet (dir.)
- Millenium Hungaricum, installation photo, exposition collective, Maison de la culture Notre- Dame-de-Grâce, Montréal
1999
- Visite libre, installation peinture, exposition de groupe organisée par le collectif Gueule-de-loup, Édifice Alexander, Montréal
1998
- Œuvre à venir, installation peinture et soirée poésie avec danse, exposition autonome, Édifice Belgo, Montréal
- Invagination, exposition autonome d’installations photographiques, Édifice Belgo, Montréal
- Dessin au poil, installation environnementale de dessin, exposition en duo avec Louise Simard pour l’exposition Consensuel, Édifice Belgo, Montréal
1997
- L’entrespace/The space between three, installation photographique, exposition collective, Saidye Bronfman, Montréal, commissariat : Lucinda Catchlove
- Follicules, installations photo, exposition en duo avec Nathalie Fontaine, Édifice Belgo, Montréal
- 4e Symposium d’art gigantesque, sculpture gonflable en duo with Frédérick Desjardins, Waterloo, Québec